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L'industrie pornographique doit cesser d’être une zone de non-droit

Un rapport sénatorial rendu public mardi 27 septembre dénonce les « violences systémiques envers les femmes » générées par l’industrie pornographique et appelle à faire de la lutte contre ces dernières une « priorité de politique publique et pénale ». Le même jour, trois acteurs et un réalisateur ont été interpellés et placés en garde à vue pour « traite d’êtres humains aggravée », « viols en réunion » ou « proxénétisme aggravé », dans le cadre d’une enquête qui secoue cette industrie depuis deux ans.

Opinion. Il faut avant tout regarder la pornographie pour ce qu’elle est dans le cadre actuel de nos lois. Selon moi, on ne peut alors que se rendre compte qu’elle est illégale car elle recouvre des violences sexuelles, des faits de proxénétisme, de traite des êtres humains, une diffusion incontrôlée et illimitée de contenus à caractères sexuels. Or, tout cela est interdit par le droit français.


Pendant des années, cette industrie nous a menti avec des mots qui ont invisibilisé les violences. Le premier d’entre eux était « cinéma », qui renvoie à des œuvres de fiction. Interdire la pornographie revenait à une forme de censure, ont fait valoir ses défenseurs. Nous nous rendons enfin compte qu’il ne s’agit pas d’une forme de cinéma, de fiction, mais d’actes sexuels réels, souvent très violents, réalisés devant une caméra qui tourne, posée dans un coin de la pièce. Je pense donc que la pornographie doit cesser car elle n’est rien d’autre qu’une forme de prostitution filmée, où le trio classique proxénète-client-prostituée est remplacé par le trio producteur-client-actrice. Or, depuis 2016, la France pénalise les clients des prostituées ou interdit l’achat d’actes sexuels.


Ce constat est corroboré par des enquêtes récentes dont Osez le féminisme est à l’origine. Dans une première affaire, en juin, quatre hommes dont le fondateur du site Jacquie et Michel – le plus populaire en France – ont été mis en examen dans une information judiciaire ouverte notamment pour « proxénétisme aggravé », « traite des êtres humains en bande organisée », « viols avec torture » et « actes de barbarie ». Dans une autre affaire, le 27 septembre, trois acteurs ont été placés en garde à vue pour « traite d’êtres humains aggravée », « viols en réunion » ou « proxénétisme aggravé ».


Que leur est-il reproché ? Afin de recruter des actrices, ils avaient rodé un système terrifiant. Un rabatteur, caché sous un pseudonyme féminin, repérait des jeunes femmes fragiles, en situation de rupture familiale et de détresse financière. Se faisant passer pour une prostituée, ils leur faisaient miroiter de l’argent facile. Ce rabatteur se transformait ensuite en client et obtenait d’elles une prestation sexuelle visant à lever leurs réticences aux rapports tarifés. Après les avoir laissées sans rémunération, il les recontactait pour leur suggérer une nouvelle manière de se renflouer, via des vidéos pornos fortement rémunératrices destinées au Canada. Mais le film finissait par être accessible partout, y compris en France.

Face à de telles pratiques, je demande simplement que, d’urgence, cette industrie cesse d’être une zone de non-droit. Il me semble qu’il n’y a rien d’exagéré à demander qu’elle soit reconsidérée pour ce qu’elle est : une forme de violence sexuelle grave.


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